D'être revenue sur cette période de ma vie (voir article précédent), ça m'a fait pensé à beaucoup, beaucoup d'autres choses... Mon adolescence, elle a été très emplie, voire trop peut-être... Et c'est amusant de voir que je ne reviens pas forcément sur la période après ma tentative de suicide, le juge, les assistants sociaux... ni sur l'avant, les orgies de Whisky, de blanche, de shit... non.
J'ai en tête une période où mon apparence décrivait ce qu'il y avait dans ma tête... Et ce qu'il y avait dans ma tête... c'était un peu triste... un peu sombre... mais aussi plein d'Histoire.
14/15 ans---------------------------------------------------*-----------------------------------------------14/15 ans
J'étais une petite "Doll" à l'époque. Le mot Doll, ça vient de "poupée" en anglais. Pourquoi "poupée" ? Parce qu'une poupée, c'est vide, tout creux... c'est en porcelaine, donc très fragile, c'est cassant. Un jouet de l'enfance pour symboliser le fait que "le monde des grands" nous fait peur et que l'on ne se sent pas à notre place, quelque-chose qui effraie aussi... parfois...
N'allez pas croire qu'une Doll, c'est mignon. Non... ça vient d'un petit mouvement gothique qui s'est éteint très rapidement. On est une poupée, oui, mais une poupée triste, une poupée abîmée, une "Poupée Gothique". Et c'est en cela que ce style raconte toute une histoire...
Des "idoles" dolliennes, il y en a ! De Alice (au pays des Merveilles de Lewis Caroll) en passant par Mercredi Addams, par les icônes féminines de Tim Burton et des modes qui en ont dérivés, il y en a eu ! Moi, j'étais un peu caricaturale. Tout de noir ou de rouge vêtue, ma poupée relookée à la colle et au sang sous le bras, un collier en cuir à piques autour du cou, des grosses grolles trop grandes pour moi au pattes et des robes à froufrous rapiécées sur le corps, petites couettes et clope au bec, à 15/16 ans, j'étais une terreur un peu ridicule. Le terme qui me vient à l'esprit... c'est "déguisée". J'étais déguisée. Oui. Pour le reste du monde, pour leur dire que ça allait pas, que je me sentais à part, pas bien dans ma peau (trop serrée autour d'un corps qui dégueulait de trop de choses), pour me faire remarquer aussi... pour choquer surement. Bref... quand on décide de pas s'habiller soft, c'est toujours un peu de la provoque. Mais la provoque, elle peut être expliquée, justifiée. Il faut savoir écouter avant de juger... comprendre avant de se moquer...
Moi, on m'a dit que je "faisais ma crise d'adolescence", que j'étais ridicule, mais que ça allait me passer... oui, ça m'est passé ; mais était-ce ridicule et aussi anodin que ça de ne porter toujours que du noir, de vouloir attirer l'attention jusqu'à me faire haïr de tous et de comater, clope au bec, en écoutant des musiques tellement tristes et malsaines qu'elles auraient fait déprimer le plus joyeux lutin de la forêt ?
Non.
Je voulais que l'on m'écoute, que l'on cherche à comprendre. Mais j'étais juste stigmatisée "gothique ado", "rebelle des cours de récré", et on en parle plus...
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Oh oui, ça fait bien longtemps ! Mais tout ça me parait pourtant encore assez familier... Oui, curieusement, j'aime toujours l'esthétique Dollien. (Allez savoir pourquoi ! Peut-être que, tout simplement, c'est parce que je comprends ce qu'il représente...?)
Elles me paraissent lointaines... assez superficielles -ne faut-il pas l'être un peu pour prétendre "Être" ce que l'on porte ?-, très enfantines et... un peu lâches ma foi.
Pourtant... et bien pourtant je les comprends !
C'est un peu comme de se retrouver devant le soi d'autrefois...
Imaginez vous revoir à l'époque où vous étiez enfant et que vous faisiez plein de conneries puériles... ça vous énerverait ! Vous vous diriez "mais pourquoi je faisais tout ça ?!? Arrête donc ancien moi !!!" mais en même temps... le pourquoi... vous le connaissez ! Vous le comprenez même très bien ! Donc ça vous énerve mais...MAIS :
Ça vous énerve peut-être surtout de comprendre cette étrangeté, cette douleur infantilisée... Non...?
Moi c'est ça. J'aime pas les Dolls, j'aime pas les goths, j'aime pas les pouffs, j'aime pas les fifilles, j'aime pas les Lolitas... parce que j'ai été de ces gamines qui pensent que leurs fringues les aident.
Oui. Je l'ai été*.
Je l'ai été CARRÉMENT.
*Comme en témoignent ces photos exclusives de mon dossier "A jamais montrer a personne"
Au fait, la poupée martyrisée là, c'était Maëllisse, en homage à ma grand-mère paternelle (dont c'était le prénom) que je rejetais tout autant que mon père lui-mère. Maëllisse m'avait été donnée en bon état par ladite grand-mère... le relooking, c'est de moi, bien-entendu.
Et je vais même vous dire plus : ça m'a VRAIMENT aidé !
Pourquoi ?
Parce que ça a été un mode d'expression. Le seul que j'avais vraiment.
Parce que je me suis retrouvée dans une "communauté", et que c'était la première fois.
Parce que ces petits dessins de poupées terrifiantes, abîmées, à moitié cassées, tueuses... c'était un réel exutoire ; parce que le mignon rassurant se heurtait au terrifiant des adultes.
Parce que même si c'était fictif ou temporaire, j'ai été PRESQUE bien dans ma peau quand j'étais tout en noir, corset, froufrous, jupons et noeuds partout.
Oui, j'étais une petite poupée de bric et de broc, un peu effrayante ou plutôt... dérangeante, fringuée à pas cher par de la récupération ou du fait maison parce que je n'avais pas un sou et que JAMAIS mes parents n'auraient imaginé me payer un seul bijou qui fasse un peu "dark" (normal... c'est des parents ! Et soit-dit en passant je trouve ça honteux que des parents crament du fric pour ce qui devrait être un changement PERSONNEL et créatif chez l'ado...!), et j'en étais toute fière !
Et j'écoutais à plein pot "Papa m'aime pas" de Mélissa Mars (princesse dollienne avant qu'elle ne nous trahisse tous pour faire du fric avec Obispo et ensuite... pire... chez Mozart le pseudo opéro pseudo rock...!) en étant fière de défier l'autorité paternelle ! Oh oui...! Ce que j'ai pu l'écouter cette chanson de cinglée magnifiquement bien pensée en la hurlant à tue-tête depuis ma chambre !
Bien-sûr, mon père à moi, il pensait que cette chanson parlait réellement d'un meurtre du peu qu'il en comprenait. Mais moi... je savais... "tuer le père" à l'image d'un ¼dipe de Freud ! Se libérer de lui et de la souffrance qu'engendre son manque d'amour en le considérant comme mort, comme n'ayant jamais eu de parent plutôt que d'en avoir eu un mauvais qui ne nous a pas aimé.
Voilà ce que j'étais dans mes fringues de petite fille malsaine.
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Quand je parle de cette époque, il faut bien resituer... j'étais ado (en 4ème je crois...) ça remonte donc à un bail vuqu'aujourd'hui, j'ai 25 ans !
Cette "mode" à été très peu connue, hormis pour les aficionados évidemment ! C'était de ces tout petits dérivés du mouvement gothique, et bien rares étaient les personnes qui comprenaient ce qu'était "une Doll".
La fascination un peu morbide pour le 'sans-vie' et pourl'esthétiqueabîmé était un mystère pour les gens de mon entourage... et bien-sûr, avec le recul, je comprend. Ça parait même évident ! Quand on revendique être une poupée, il ne faut pas s'attendre à ce que le monde nous comprenne. Et quand on voit ça comme le deuil d'une enfance malheureuse, il est pourtant parfaitement logique que les membres de sa famille et le reste du monde interprète ça comme "une crise d'ado" (d'ailleurs c'en était une) un peu gamine !
N'étais-je pas JUSTEMENT habillée en petite fille ? ~
Parce que le monde nous fait peur, tout simplement, parce que l'on ne se sent pas prêt à jouer "aux grands", parce qu'on a pas eu le droit d'être un enfant, parce que ce n'est pas juste qu'on ne nous aide plus après que l'on nous ait tant abîmé... il y a mille raison de ne pas vouloir grandir...
Et pourtant... on ne pas vouloir que l'on dévalorise, que l'on diminue ou que l'on minime notre douleurs !
Ce n'est pas une bête crise d'ado ! Pas du tout ! Pas pour un sou ! Même si on l'exprime de cette manière parce que l'on est pas non plus un adulte. Oui, on fait tout pourparaître enfant! Est-ce si anodin ? Pas du tout ! Pas pour un sou !
Regardez-moi ! Papa, maman !
Pourquoi, a votre avis, ai-je si peur de grandir ?!? Ne pensez-vous donc pas qu'il y ait une raison ??? Que m'habiller et comme une gamineet me comporter comme la caricature d'une ado, ça soit si anodin ? Pensez-vous réellement n'y être pour rien ? Pensez-vous que ça me plaise de ne pas être une ado normale ? De ne pas vouloir, un jour, être une vraie femme ? Que fuir me fait plaisir ? Que les poupées ne me rendent pas triste ? Que j'aimerais être pleine et entière ? Que j'aimerais ne pas être friable ? Papa, maman, le monde, les grands, répondez-moi ! Répondez-moi ! Répondez-moi ! Regardez-moi ! Faites-moi grandir ! Réparez-moi !
" Ne suis-je pas qu'un jouet ? Ne suis-je pas qu'une petite poupée...? Poupée maigre... Aux allures blafardes... Au teint blanc... Un être de porcelaine... Prêt à se briser à chaque instant... Du fait de ses parents... Du fait d'être entourée de Haine... Tout ceci au travers du temps...
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