(Ceci est le préface du roman que j'ai écrit l'an passé)
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Mot de l'auteur
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Du combat ordinaire,
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Du combat ordinaire,
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Partout autour de moi, des personnes parlent de la peur qu'elles ont de mourir. Pour ma part, je n'ai jamais eu ce genre de peur (ce qui est “étrange” selon la plupart des gens). D'ailleurs, je suis même allée jusqu'à suivre une formation dans le domaine du funéraire lorsque j'avais vingt-et-un ans ! J'ai constaté, en leur en parlant, que souvent, les personnes qui ont peur de mourir se brident. Elles se laissent ronger par l'inquiétude du temps qui passe, se protègent de leurs propres sentiments ou régissent leurs vies par des habitudes et des rituels très (trop) stricts.
Nous sommes nombreux à nous contenter de survivre plutôt que de réellement vivre. A refuser d'avoir quelque-chose à perdre, à nous préserver des dangers et des surprises de la vraie vie. Aussi me suis-je souvent demandé : pourquoi l'on s'interrogeait tant sur ce qu'il y a dans la mort, alors que nous ignorons tout de ce que peut être la Vie.
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Cette dernière phrase ne m'a pas quittée des années durant ! Et c'est alors que j'étais encore au collège que j'ai commencé à imaginer les réflexions de quelqu'un qui est dominé par ce genre de peurs —ce qui n'était pas bien difficile vu la mentalité que j'avais à l'époque—. Il me fallait inventer un personnage qui s'interdise de vivre mais qui avait une excuse à cela. Mais qu'est-ce qui pourrait bien pousser quelqu'un à renoncer à ce point au bonheur ? Qui pourrait ainsi renoncer à se battre ? Une personne en pleine dépression certainement, touchée par le Spleen Baudelairien...! Mais cela nous l'avons déjà tous déjà vu, ou même tous vécu... C'était trop triste, trop facile aussi. Un mal qui ne s'explique pas n'est pas intéressant d'un point de vue strictement littéraire ! Il fallait une excuse à cette fuite, pour que je puisse parler de la fuite en elle-même et non du problème qui était insoluble ; aussi, plutôt que “quelqu'un qui ne se bat pas”, j'ai créé “quelqu'un qui se bat mal”.
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Nathaniel naissait alors lentement dans ma tête, et il existait désormais pour se tromper de combat. Il ne devait pas se battre pour essayer de vivre heureux et épanoui, il devait lutter pour se persuader qu'il menait ce combat. Nath existait dans ma tête... et dans la sienne, j'avais mis la maladie.
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Je me suis renseignée sur ce mal, je voulais être crédible. Mais je ne me doutais pas de ce que j'allais découvrir. Ce combat acharné, cette lutte pour la survie, pour la vie... J'ai lu des témoignages, des articles et des informations et me suis sentie étrangement concernée par tout cela. Certains malades se battent jusqu'au bout, ou décident de faire le tour du monde, de vivre pleinement avant la mort. Cette volonté farouche de vivre “pour de vrai” m'a touchée au c½ur... et m'a rendue triste aussi. Mais pourquoi donc faut-il être malade pour se battre enfin ? Pourquoi ce courage ne nous touche-t-il pas tous, même ceux qui sont en bonne santé ? Pourquoi encore perdons-nous tant de temps à attendre, à avoir peur ?
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Ce roman ne traite pas de la maladie, ni de la mort. Il parle d'un combat que nous avons tous à mener. Un combat pour la liberté de l'esprit, pour la Vie pleine et entière, pour le risque, le bonheur, le pardon... pour l'amour sous toutes ses formes.
Mon récit se devait d'être réaliste, le plus possible. C'est pour cette raison que les passages rudes se marient avec les moments paisibles du quotidien. Je voulais montrer un univers où le désespoir, la peur et la solitude côtoient l'espoir sincère, l'effort, le soutien, la fidélité et l'amour. Et la fin de mon roman est à l'image de cet univers : rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. Tout tourne autour de cette lutte infinie entre la peur et la Vie, ce combat salvateur et essentiel mais aussi terrible, douloureux et éprouvant.
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A nous de faire le choix de le mener...
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© Sixtine V. de Masin

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